Alors que la Turquie et la Syrie ont été frappées par un séisme de 7,8 le 6 février 2023, GIJN en français publie les conseils pour couvrir une catastrophe naturelle dispensés lors de la 9ème Conférence internationale sur le journalisme d’investigation #GIJC15 quelques mois après un puissant séisme au Népal.
“La première victime de la guerre est la vérité. Mais peut-on en dire autant des catastrophes naturelles ?” C’est la question posée par Yohan Shanmugaratnam, rédacteur en chef des informations internationales du quotidien norvégien Klassekampen, en préambule du panel “Comment enquêter sur les catastrophes” qui s’est tenu lors de la 9e Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation, en octobre 2015 en Norvège, quelques mois après le tremblement de terre géant de magnitude 7,8 qui avait eu lieu au Népal en avril de cette année-là.
Les inondations, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre et les tsunamis ne sont, en effet, pas simplement des processus géologiques, mais révèlent également une mauvaise gestion sociale, économique et politique dans les endroits touchés. Cela rend le travail d’enquête lors de catastrophes naturelles d’autant plus important.
“Les reportages sur les catastrophes sont plus essentiels ces temps-ci car les catastrophes naturelles ont des conséquences dans un monde interconnecté”, a noté Natalia Antelava, alors journaliste à la BBC et rédactrice en chef de Coda Story pour qui : “Internet a rapproché le monde.”
Les réseaux sociaux ont été un outil puissant pour communiquer lors de catastrophes naturelles. Facebook et Twitter ont transformé la couverture médiatique des catastrophes. Dès que le tremblement de terre de magnitude 7,8 s’est produit au Népal en avril 2015, des données du terrain sont venus au monde de la part de la population locale qui pouvait désormais participer à la diffusion des informations via les réseaux sociaux. “Les réseaux sociaux s’expriment confusément lorsque la terre tremble”, a cependant averti Kunda Dixit, rédacteur en chef du Nepali Times. “Il y a plein de rumeurs, d’informations non vérifiées et de prédictions.” Or des informations précises, a-t-il souligné, devraient être la première règle dans la couverture des catastrophes naturelles.
Les données comptent
Les données jouent un rôle important lors de catastrophes naturelles car elles permettent d’analyser et d’apporter des solutions et une meilleure compréhension des situations.
“Les données et les cartes sont utiles pour les journalistes et la planification des ressources, mais la difficulté est de trouver les données”, a déclaré Dixit, qui a ajouté que les chiffres et les graphiques interactifs peuvent rendre une histoire plus percutante.
Yoichiro Tateiwa, rédacteur en chef de “Nuclear Watch” à la chaîne publique japonaise NHK, a également convenu que les données peuvent montrer ce que les humains ne peuvent pas voir. Tout en partageant son expérience sur l’enquête sur l’effondrement du toit de la centrale nucléaire de Fukushima, il a déclaré : “Dans l’équipe, nous avons désignée une personne chargée de lire tous les documents disponibles et de faire rapport sur la centrale nucléaire et la compagnie qui l’exploitait.” Il a également suggéré que les journalistes collaborent avec des organismes spécialisés à l’étranger, car cela fait appel à des personnes ayant des compétences et des perspectives différentes.
Les trois journalistes d’investigation avaient plusieurs conseils pour ceux qui couvrent les catastrophes naturelles :
- Pendant les catastrophes, des informations crédibles sont importantes
- Vérifier s’il y a eu un avertissement et une préparation adéquats
- Démystifier les données
- Être techniquement autonome (électricité, Wi-Fi, alimentation, sécurité, etc.)
- Éloignez-vous de la mentalité de troupeau
- Se souvenir des oubliés
- Les catastrophes s’éternisent, continuez à suivre le problème même lorsque les lecteurs et les téléspectateurs semblent se désintéresser
- Ne cherchez pas les grands titres ; Beaucoup de gens souffrent encore de la catastrophe
- Ne créez pas de panique. Au lieu de cela, sensibilisez et complétez les informations sur la catastrophe
Les journalistes du panel ont fermement affirmé qu’il était nécessaire de réinventer le journalisme de catastrophe. “Que se passe-t-il lorsque les projecteurs sont éteints et que les caméras passent à la prochaine grande histoire ?”, a interrogé le modérateur Shanmugaratnam. Anteleva a, pour sa part, proposé un modèle sur la façon de continuer à suivre l’histoire : la plate-forme web Coda Story qui couvre les sujets sur le temps long en rendant compte de leur importance, leur évolution et leurs connections, offrant une profondeur, une continuité et une compréhension uniques.
L’article original a été publié en anglais en 2015.
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