Alors que le lien entre la viande et l’animal paraît de moins en moins présent dans l’esprit de la population, c’est un fait pourtant évident qui est nié : Derrière chaque steak, escalope, jambon, merguez, etc., se trouve une vie brisée. Et quand on se penche de plus près sur le mode d’élevage, on constate par ailleurs que ces existences ont la plupart du temps été très courtes au regard de leurs potentielles espérances de vie.
Lorsque sont évoquées les conditions d’élevage des bêtes tuées pour leur chair, le focus est porté sur la surface d’existence disponible, leur nourriture et leur mise à mort. Parmi ces données, la longévité est un indicateur qui est peu mis en lumière. Mr Mondialisation vous propose une comparaison entre l’âge d’abattage moyen et l’espérance de vie d’une dizaine d’animaux.
Les cochons : 6 mois et 3 ans versus 15 à 20 ans
En France, 95 % des cochons sont élevés dans un modèle intensif. La plupart du temps, ils n’ont donc aucun accès à l’extérieur et vivent sur du béton, sans paille. Les truies reproductrices, quant à elles, passent la moitié de leur temps dans une cage si étroite qu’elles ne peuvent pas se retourner. Chaque année, 1,5 milliard d’entre eux est tué dans le monde.
Pourtant, cet animal est capable de ressentir de véritables émotions et son intelligence rivalise largement avec celle d’un chien. Son espérance de vie se situe par ailleurs entre 15 et 20 ans. Or, dans l’élevage, il est abattu à seulement 6 mois pour les bêtes destinées à produire de la viande et à 3 ans pour les femelles utilisées pour faire des petits. Pour un être humain dont l’espérance de vie serait de 82 ans (moyenne française), cela reviendrait à mourir à l’âge de 2 ou 14 ans.
Les bovins : 6 mois à 8 ans versus 20 ans
Avec 308 millions d’individus tués dans le monde par an, les bovins posent un réel problème écologique. Mais ils représentent tout autant de vies gâchées. Ces animaux, dotés d’une intelligence certaine, sont pourtant traités comme une véritable marchandise, en particulier dans l’industrie du lait.
La vache laitière, justement, est celle qui vit le plus longtemps, puisqu’elle est réformée (c’est-à-dire envoyée à l’abattoir) au bout de 8 ans. Pire, les bœufs atteignent à peine 18 mois avant d’être tués, tandis que les veaux subissent le même sort à l’âge de 6 mois. On parle pourtant d’un animal dont l’espérance de vie se situe autour de 20 ans. Rapporté à l’existence humaine, cela correspondrait respectivement à des décès à 32, 6 ou 2 ans.
Les moutons : 3 mois et 7 ans versus 11 ans
Abattus à hauteur de 637 millions de spécimens par an dans le monde, les moutons, doués d’intelligence sociale, sont élevés pour leur viande, leur lait et leur laine. Pour cette dernière, l’industrie est réputée pour engendrer de grandes souffrances.
Avec une espérance de vie de 11 ans, ils sont envoyés à l’abattoir aux alentours de 7 ans, ce qui est plus important que d’autres animaux, mais qui doit être relativisé par le sort des agneaux qui sont tués à l’âge de seulement 3 mois. Ce qui équivaut pour un être humain à une mort prématurée à 52 et 1 an.
Les poulets : 1er jour à 17 mois versus 8 ans
Sur les 80 milliards d’animaux terrestres tués par l’humanité chaque année, 75 milliards sont des poulets, ce qui en fait la bête la plus présente dans les fermes du monde. Que ce soit pour la viande ou pour les œufs, les poules évoluent massivement dans un mode d’élevage intensif.
Alors que l’espèce peut espérer vivre jusqu’à 8 ans, elle est loin d’atteindre ce potentiel. Les pondeuses sont en effet abattues à peine 17 mois. Les poulets de chair ne vont, quant à eux, pas au-delà de 35 jours. Enfin, les poussins mâles, inutiles à l’industrie de l’œuf, ils sont dans certains cas exterminés dès leur premier jour de vie. À l’échelle humaine, ces âges correspondent respectivement à 15 ans, 1 an ou seulement quelques heures.
Les dindes : 84 et 128 jours versus 10 ans
97 % des dindes en France évoluent dans des élevages intensifs où l’espace de ces oiseaux peut-être réduit jusqu’à 8 animaux par mètre carré. 660 millions de ces animaux sont tués chaque année.
Les mâles sont envoyés à l’abattoir au bout de 128 jours et les femelles à 84 jours. Le volatile pourrait pourtant facilement espérer atteindre les dix ans. Pour un être humain, cela correspondrait à une fin de vie à un peu moins de 3 ou 2 ans.
Les canards : 68 et 82 jours versus 15 à 20 ans
Les canards sont abattus à hauteur de trois milliards d’individus par an dans le monde, ce qui en fait l’espèce terrestre la plus élevée juste derrière les poulets. En France, il est la principale victime d’une pratique cruelle pourtant interdite dans de nombreux pays, celle du foie gras.
Dans ce secteur, les mâles sont tués à 82 jours et les femmes à 68. Pour un animal capable d’atteindre les quinze ou vingt ans, cela correspond à l’échelle humaine à une vie terminée à 1 an ou 10 mois.
Les chèvres : 8 semaines à 4 ans versus 15 à 18 ans
Surtout connue pour une filière laitière, on imagine mal le nombre de chèvres conduites à l’abattoir chaque année. Et pourtant, elles sont 504 millions à terminer ainsi. Dès quatre ans, elles ne sont plus considérées comme assez productives et finissent donc de cette manière.
Pour les mâles (les chevreaux), ils sont souvent perçus comme inutiles et sont alors la plupart du temps envoyés à l’abattoir dès l’âge de huit semaines, et ce malgré une espérance de vie de 15 à 18 ans. Pour un être humain, cela représenterait une mort à 20 ans ou 9 mois.
Les saumons : 3 ans versus 10 ans
Chaque année, l’être humain pêche 1600 milliards de poissons et en élève « seulement » 124 milliards. Pour autant, 56 % des poissons sauvages capturés servent à nourrir ceux d’élevage. Ce mode de production absurde et intensif souvent comparé aux élevages de poulets en batterie est donc une catastrophe environnementale, mais aussi pour le bien-être animal.
À ce titre, le saumon d’Atlantique est un cas emblématique puisqu’il s’agit du poisson le plus utilisé au monde en aquaculture, avec près de 1,2 million de tonnes (le nombre d’individus est compliqué à évaluer). Avec son espérance de vie de 10 ans, il est pourtant prélevé à l’âge de 3 ans, soit un équivalent de 24 ans en âge humain.
Les lapins : 73 jours versus 9 ans
Plus de 533 millions de lapins d’élevage sont tués dans le monde chaque année. Avant cette issue fatale, ces rongeurs connaissent une vie plutôt misérable, puisque 99 % d’entre eux passent leur existence entière dans une cage sur un sol grillagé.
Bien qu’abattu très rapidement (73 jours), presque un quart d’entre eux n’atteignent même pas cet âge. Loin du potentiel de cet animal qui peut dépasser les 9 ans. Portée à l’être humain, cela reviendrait à mourir à l’âge prématuré de 2 ans.
Les truites : 20 mois versus 7 à 20 ans
Comme pour beaucoup de poissons en captivité, les truites subissent des conditions peu en adéquation avec leur bien être, notamment en matière de densité. En outre, le réchauffement climatique menace grandement la survie même de ce type d’installation. On en élève plus de 939 000 tonnes par an sur la planète.
On a par ailleurs pu observer certains spécimens dans la nature atteindre entre 7 et 20 ans d’espérance de vie. Or dans les élevages, elles sont « prélevées » pour finir sur les étals autour de 20 mois. Rapporté à notre espèce, cet âge équivaudrait à une mort à seulement 10 ans.
Un gâchis certain
On l’aura compris, la mise à mort des animaux par l’être humain simplement pour assouvir un plaisir gustatif représente également un immense gâchis de vies de créatures pourtant sensibles. En outre, les conditions d’élevage lors de ces courtes vies sont bien souvent abominables.
Des facteurs qui ne peuvent que laisser des regrets d’autant plus qu’un régime végétalien demeure totalement possible à adopter sans pour autant prendre des risques pour sa santé. De quoi éviter à des milliards de bêtes des existences aussi brèves que misérables.
– Simon Verdière
Photo de couverture : Flickr
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