« L’envers des mots » : Biosourcé

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Néologisme venant du grec bios qui signifie « vie » et de l’anglais sourcing, du verbe to source, qu’on peut traduire par « s’approvisionner en », le terme biosourcing revient souvent lorsqu’on parle d’enjeux environnementaux et renvoie au fait d’utiliser des matières premières renouvelables ou des ingrédients naturels – des matières premières issues de la biomasse, telles que les plantes, les algues ou – des déchets organiques. De plus en plus fréquent dans les industries et le débat public, le « biosourcing » vise à réduire la dépendance aux ressources fossiles non renouvelables et à minimiser l’impact environnemental des processus industriels.

Néanmoins, attention aux confusions et aux abus de langage. Un produit biosourcé, issu entièrement ou partiellement de la biomasse, n’est pas forcément biodégradable : dans le dictionnaire Larousse, « biosourcé » se réfère ainsi à la fabrication du produit sans tenir compte de son cycle de vie. Ensuite, comme l’exprime l’ADEME, un produit biosourcé, contrairement à ce que la terminologie pourrait laisser penser, n’est pas issu de l’agriculture biologique, et n’est pas forcément sans risque pour la santé ou l’environnement. Certaines plantes sont naturellement toxiques comme le laurier rose, la digitale pourpre, l’if… Pour lever toute ambiguïté, l’AFNOR a publié la norme NF EN 16575 « Produits biosourcés – Vocabulaire », qui définit précisément les termes associés au biosourcing.


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Le mot « biosourcé » rappelle l’importance de rechercher des alternatives aux ressources fossiles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il souligne également la nécessité de faire appel aux ressources biologiques de manière durable afin de favoriser la biodiversité et la préservation des écosystèmes naturels. Les matières premières biosourcées et les ingrédients naturels offrent des cycles de production avec des émissions de CO2 réduites, plus durables. Les bioplastiques et autres matériaux biosourcés sont souvent biodégradables ou recyclables, réduisant ainsi l’impact environnemental.

Du point de vue de la technologie, le biosourcing incite à développer la R&D dans les domaines des biotechnologies, de la chimie verte et de l’ingénierie des matériaux, afin de proposer des produits biosourcés performants et compétitifs à l’industrie.

Du point de vue économique, les gouvernements mettent en place des mesures et réglementations pour encourager l’utilisation de ressources renouvelables et réduire leur empreinte carbone. En France, la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et le plan climat de 2017 illustrent les initiatives de l’État en faveur de la décarbonation de l’industrie. Des normes et certifications spécifiques, comme L’EU Ecolabel, ont vu le jour pour distinguer les produits et services respectueux de l’environnement.


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Les entreprises quant à elles, poussées par les évolutions règlementaires et la demande croissante des consommateurs, favorisent de plus en plus les matériaux biosourcés et les pratiques de production durables. Ainsi, en plus d’être alignées avec les Objectifs de Développement Durables (ODD) des Nations unies, elles améliorent leur image de marque.

D’un point de vue sociétal, les matériaux biosourcés sont souvent produits localement, ce qui peut aider à créer des emplois et dynamiser les territoires ruraux. Les écoles et universités intègrent de plus en plus les concepts de durabilité et de biosourcing dans leurs programmes afin de sensibiliser les jeunes générations. Sans oublier que l’utilisation du terme « biosourcé » dans la communication d’entreprise montre un engagement vers la responsabilité sociale et environnementale, améliorant la confiance des consommateurs et des investisseurs.


Cet article s’intègre dans la série « L’envers des mots », consacrée à la façon dont notre vocabulaire s’étoffe, s’adapte à mesure que des questions de société émergent et que de nouveaux défis s’imposent aux sciences et technologies. Des termes qu’on croyait déjà bien connaître s’enrichissent de significations inédites, des mots récemment créés entrent dans le dictionnaire. D’où viennent-ils ? En quoi nous permettent-ils de bien saisir les nuances d’un monde qui se transforme ?

De « validisme » à « silencier », de « bifurquer » à « dégenrer », nos chercheurs s’arrêtent sur ces néologismes pour nous aider à mieux les comprendre, et donc mieux participer au débat public. À découvrir aussi dans cette série :

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

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