Pour quelques litres de peinture,
9 mai, 23h35, Paris : 5 rebelles interpellé.e.s et accusé.e.s d’avoir peint une banque sont placé.e.s en garde à vue pour 24 h. Iels passent une première nuit et la journée suivante en cellule. Le 10 mai à 20h iels sont notifié.e.s de leur prolongation de garde à vue. La police a besoin de plus de temps pour visionner des vidéos de surveillance. Une nouvelle nuit au poste, une nouvelle journée en cellule. Le 11 mai à 19h30, après 45 h de privation de liberté, deux rebelles sont libérés et convoqués devant un substitut du procureur en août. Les 3 autres sont déféré.e.s au tribunal. Une nouvelle nuit, et une nouvelle journée en cellule au sous-sol du tribunal. Le 12 mai à 17h30 les trois rebelles sont enfin libéré.e.s après 66 h de privation de liberté.
10 mai, 22h, Paris : 7 rebelles interpellé.e.s et accusé.e.s d’avoir peint une banque sont placé.e.s en garde à vue pour 24 h. Iels passent une première nuit en cellule et sont notifié.e.s de la perquisition de leur domicile le 11 mai, où on les conduit menottes aux poings devant le regard médusé de leurs voisin.e.s et proches après avoir détruit les serrures de deux d’entre elleux faute de temps. Prolongation de la garde à vue, une nouvelle nuit en cellule. Le 12 mai au matin, les 7 rebelles sont déféré.e.s au tribunal où iels écopent d’un contrôle judiciaire et d’une interdiction de se rencontrer jusqu’à leur procès en août. Les rebelles sont libéré.e.s le 12 mai à 14h, après 42 h de privation de liberté.
Les conditions de détention en garde à vue sont exactement celles que l’on s’imagine : des cellules en béton exiguës à l’aération défaillante, meublées de fins matelas de gymnase et de couvertures sales, où s’entassent les présumé.e.s innocent.e.s. Des toilettes sales et nauséabondes à l’accès soumis au bon vouloir des forces de l’ordre. Pas d’accès à l’eau ni à l’heure. Pas de lunettes, pas de ceinture, pas de lacets, pas de nourriture décente.
La garde à vue est prévue pour s’assurer qu’un accusé ne détruise pas de preuves ou ne tente pas de prendre la fuite. Elle sert aussi à « attendrir la viande ». Qui, présenté devant un magistrat après 60 h enfermé, sans se laver, peinant à marcher sans lacets, tenant son pantalon sans ceinture de ses mains menottées dans le dos, n’est pas plus tendre ?
Les co-détenu.e.s passent et ne se ressemblent pas. Accusé.e.s de vol aggravé, viol, violences, escroquerie à l’assurance, usurpation de fonction de fonctionnaire de police par l’utilisation d’un gyrophare et d’une plaque police propriétés de la préfecture. Toustes arriveront après et partiront avant les accusé.e.s de dégradation en réunion.
Quel besoin de garder “à vue” si longtemps des citoyen.ne.s non-violent.e.s et ne prenant pas la fuite sinon celui de les punir d’une peine d’isolement avant leur jugement pour leur donner une leçon. 3 nuits en cellule pour enseigner que le système judiciaire ne prend pas le symbole bancaire à la légère. 3 jours enfermé.e.s pour intégrer que si on s’en prend au système, le système se défend. 60 h de prison ferme que la justice, ne pourra pas infliger pour quelques litres de peinture.
Photo : @Talesofrave