Risque d’inondations : un système d’eau intelligent pour mieux s’adapter ?

1 year ago 79

Le nombre de catastrophes naturelles liées au climat, en particulier les inondations, a plus que doublé au cours de la dernière décennie, d’après le Bureau des Nations unies pour la prévention des catastrophes. Au cours de la période 2000–2019, elles ont coûté la vie à plus d’un million de personnes et ont causé près de 3 000 milliards de dollars de pertes économiques.

Le groupe d’assureurs Swiss Re, l’un des principaux assureurs de risques dans le monde, estime à 90 milliards de dollars le coût des pertes causées par les inondations en 2021, en augmentation de 5 à 7 % par an. Un constat confirmé par les inondations exceptionnelles des dernières années. À titre d’exemple, celles qui ont frappé l’Allemagne et la Belgique en juillet 2021 ont causé près de 230 morts et plus de 30 milliards d’euros de dégâts.

18,5 millions de Français exposés au risque d’inondation

La France n’est pas épargnée : le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires estime que près de 18,5 millions d’habitants sont exposés au risque d’inondation en France. D’après France assureurs, les intempéries qui ont frappé le pays en mai et juillet 2022 ont engendré près d’un million d’euros de sinistres avec un coût de l’ordre de 3,9 milliards d’euros.


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Un livre blanc du groupe d’assurance Covéa (MAAF, MMA et GMF) estime, sur la base des scénarios d’évolution du climat du GIEC, que les inondations constitueront le principal risque naturel en France entre 2020 et 2050.

Le rapport prévoit une augmentation de l’ordre de 110 % des pertes liées aux inondations de plaine (dites lentes) et de 130 % pour les inondations de crues éclairs par rapport à la période de référence (2008–2018).

Les technologies « intelligentes » à la rescousse

Dans ce contexte, la lutte contre les inondations devient une priorité pour de nombreux pays et territoires. Mais ce combat est très complexe du fait de la conjugaison de plusieurs facteurs : le changement climatique et les perspectives de son accentuation, l’urbanisation massive qui se traduit par une imperméabilisation des sols et par conséquent l’aggravation du risque d’inondation, et la vulnérabilité actuelle de nos infrastructures, conçues pour un niveau de risque moins élevé que celui d’aujourd’hui, et encore moins pour celui prévu à l’avenir.

L’adaptation de nos infrastructures et constructions à ce niveau inédit de risque s’impose. Mais compte tenu de l’ampleur du chantier, il faut du temps et des investissements massifs dans un contexte budgétaire très tendu.

Dans ces conditions, les innovations, notamment en matière de technologie intelligente (ville intelligente, réseaux d’eau et d’énergie intelligents, bâtiments intelligents) offrent une excellente opportunité, cette technologie étant désormais mature et pouvant être mise en place dans des délais courts, à un coût raisonnable.

Détecter les anomalies et prévoir les risques d’inondation

Ce système est fondé sur différents leviers. Via des capteurs intelligents et en s’appuyant sur la participation citoyenne, elle collecte des données sur le risque d’inondations puis les analyse afin de bien comprendre le fonctionnement réel des infrastructures et des services avant, pendant et après les inondations.

Elle détecte ainsi des anomalies de fonctionnement et permet le développement des modèles de prévision de risque en utilisant l’intelligence artificielle, ce qui favorise la détection précoce du risque d’inondation et la possibilité d’agir rapidement pour réduire ce risque en alertant les services concernés et la population, et en prenant des mesures de protection des installations et des lieux sensibles.

Elle analyse enfin des performances des infrastructures, des équipements et des services publics pendant la crise afin de les adapter du point de vue technique et organisationnel.

À Lille et Casablanca, des tests concluants

Nous avons testé cette technologie sur un démonstrateur à grande échelle au niveau de la cité scientifique de l’université de Lille.

Pour cette expérimentation, nous avons équipé le réseau d’eau pluviale de capteurs mesurant la hauteur d’eau dans les secteurs critiques et dans le bassin d’orage, le débit d’eau dans les canalisations, la turbidité et la pluviométrie.

L’analyse des données collectées a permis de bien comprendre la relation entre l’intensité de pluie et hauteur d’eau dans les regards et le bassin, d’identifier les zones potentielles de stockage d’eau pendant l’orage, de déterminer la variation de la qualité d’eau pendant l’orage pour proposer un dispositif intelligent qui permet d’atténuer le risque d’inondation.

La technologie intelligente a aussi été testée sur un secteur du réseau d’assainissement unitaire de la ville de Casablanca au Maroc avec l’objectif de réduire le débordement des réseaux et d’optimiser les opérations de traitement de l’eau. Le test a montré que le débordement peut être diminué par une instrumentation intelligente favorisant un contrôle optimal des vannes du réseau d’assainissement.

La bande dessinée pour sensibiliser les citoyens

Auteurs, Fourni par l'auteur

L’engagement citoyen constitue un élément clé dans l’adaptation au risque d’inondation. Afin de sensibiliser les citoyens à la nécessité de leur engagement dans cette adaptation, deux ouvrages de bande dessinée ont été publiés.

Ils décrivent des voyages immersifs de deux jeunes pour découvrir les défis de la ville et des systèmes d’eau et comment l’innovation technologique peut aider à faire face à ces défis.

The Conversation

Shahrour Isam does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

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