Après avoir escaladé les montagnes et les volcans de la Terre du Milieu au cours de l’épisode précédent de notre série sur Tolkien et les paysages, il est temps de nous aventurer dans les vallées, les rivières et les lacs de ce monde fascinant.
Les vallées profondes, comme celles où se cachent les hobbits dans la Comté, offrent des refuges isolés et paisibles, tandis que les rivières comme l’Anduin ou la Bruinen guident les voyages des personnages et servent de frontières naturelles. Les lacs, comme celui de Mithrim où se réfugient les Noldor, sont des symboles de résistance et de refuge face à l’adversité.
Partons faire trempette et découvrir leur importance géologique et narrative…
Les Vallées, havre de paix
Si les montagnes de la Terre du Milieu sont synonymes de défi et de danger, les vallées, elles, offrent souvent des refuges paisibles où les personnages peuvent se reposer et récupérer de leur périple.
Fondcombe (Rivendell en anglais), également connue sous le nom de Fendeval est située sur les contreforts occidentaux des Montagnes de Brume, sur la plaque Eriador.
Cette vallée est encaissée entre des montagnes escarpées, témoignant probablement d’une activité géologique complexe associée à la mise en place des Montagnes de Brume.
Les cours d’eau qui traversent la vallée sculptent le paysage et ajoutent à son charme naturel. Son accès principal est situé par le Gué de la Bruinen, localisation où une montée des eaux soudaine emporte les Nazgûl dans l’épisode de la Communauté de L’Anneau. Fondcombe représente un sanctuaire de paix, dirigé par Elrond, où la magie guérit et apaise l’âme. Cette contrée elfique a pris racine dans le parc régional de Kaitoke en Nouvelle-Zélande.
La Comté, bien que moins mystique que Fondcombe, est une autre vallée emblématique. Cette terre fertile et paisible est le foyer des Hobbits, avec ses collines douces, ses maisons troglodytes et ses champs cultivés.
Géologiquement, cette vallée imaginaire est probablement composée de sédiments facilitant le creusement des maisons. Pour l’adaptation cinématographique, ce sont les environs de la ville de Matamata en Nouvelle-Zélande qui ont servi de décor.
Cet endroit est géologiquement composé de roches appartenant à la formation de Hinuera, formée de sédiments quaternaires meubles tels que des roches sablo-limoneuse et de limon argileux représentant fidèlement cet endroit dans l’imaginaire collectif. Pour les Hobbits, et pour ceux qui leur rendent visite, la Comté est un symbole de tout ce qui vaut la peine d’être protégé dans le monde.
[Déjà plus de 120 000 abonnements aux newsletters The Conversation. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui pour mieux comprendre les grands enjeux du monde.]
Les Rivières, veines mouvantes de la Terre du Milieu
Les rivières, dans l’œuvre de Tolkien, sont souvent des artères vitales, reliant différentes régions et nourrissant les terres qu’elles traversent. La rivière Anduinn, également appelé le Grand Fleuve, est l’une des plus célèbres et des plus importantes. Elle coule parallèlement aux Monts Brumeux, dans une large vallée formant l’ouest du Rhovanion, située entre les montagnes et la Forêt Noire.
Dans ses parties septentrionales, la rivière est bordée par des massifs montagneux tels que les Montagnes Grises et les Monts Brumeux, où elle reçoit les eaux de fonte des glaciers et des neiges éternelles. En descendant vers le sud, l’Anduin sculpte des vallées escarpées et des gorges, témoignant de sa puissance et de son pouvoir érosif à travers des terrains de roches magmatiques et sédimentaires avant de se jeter dans la Baie de Belfalas par un large delta connu sous le nom des Bouches de l’Anduin.
Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Abonnez-vous dès aujourd’hui.
Les plaines alluviales du Gondor et du Rohan sont riches en dépôts limoneux et d’argiles, créant des sols fertiles parfaits pour l’agriculture et pour le développement de population.
Les Lacs, reflets de beauté et de mystère
Les lacs dans les récits de Tolkien ne sont pas seulement des points d’eau, mais des lieux chargés de mystère et de magie. Le lac Kheled-zâram, Miralonde (Mirrormere en anglais) aussi appelé lac Miroir, par exemple, est un endroit sacré pour les Nains.
Situé près de l’entrée de la Moria, le lac Kheled-zâram, est réputé pour ses eaux cristallines qui reflètent les étoiles même en plein jour. Géologiquement, ce lac est situé dans le val de Ruisselombre sur le flanc est des Monts Brumeux. Ces montagnes, composées principalement de roches métamorphiques et ignées, ont été sculptées par des mouvements tectoniques importants et des processus glaciaires au fil des âges.
Ce lac de montagne pourrait donc présenter une origine glaciaire associée au retrait de glaciers, en étant alimenté par la fonte des neiges et des sources souterraines. Ces deux sources restant d’une pureté exceptionnelle en raison de la filtration naturelle à travers les roches : selon le texte de Tolkien, elles rendent possible la contemplation des étoiles dans ces eaux !
Les vallées, les rivières et les lacs de la Terre du Milieu jouent donc un rôle à part entière dans l’intrigue de Tolkien et sont tour à tour voies de transport, lieux de batailles, et sources de magie et de mystère.
Dans le prochain et dernier épisode de notre série, nous plongerons dans le monde souterrain de Tolkien pour en extraire les métaux précieux qui parsèment ses histoires.
Blandine Gourcerol a reçu des financements de l'ANR pour divers projets de recherche