Le Youtubeur G Milgram tire la sonnette d’alarme avec l’aide de plusieurs pharmaciens concernant une nouvelle marque lancée par Sanofi en partenariat avec les Jeux Olympiques. Un patch « miracle » qui soignerait les douleurs par « infrarouge » sans composant médical… Du « bullshit » commercial, selon des pharmaciens, qui fait tâche mais promet de rapporter beaucoup d’argent grâce aux J.O. de Paris.
Décidément, les scandales qui entourent ces J.O. commencent à se faire nombreux. Le dernier en date concerne un nouveau produit lancé par le géant de la Big Pharma : Sanofi. Initiv est un nouveau patch collant à « Biologie Augmentée » lancé en partenariat officiel avec les Jeux Olympiques 2024. Sans actif médicamenteux, celui-ci promet de soulager les douleurs en renvoyant les émissions naturelles d’infrarouges de la peau. Tout ce verbiage pour dire que ce simple autocollant hors de prix va garder un peu de chaleur de la peau et la renvoyer vers la zone concernée avec la promesse de soulager quelques douleurs. C’est du moins ce qu’affirme la marque.
Sanofi n’a pas fait dans la dentelle. Avec un plan marketing agressif envoyé à tous les pharmaciens de France à l’occasion des J.O., il est question de convaincre le consommateur de l’efficacité « prouvée » du patch. À ce propos, les patchs sont en vogue depuis quelques temps. On en trouve pour absolument tout. Ils ne coûtent absolument rien à produire mais promettent d’importants profits pour leurs inventeurs. Selon des documents promotionnels ayant fuité, le marché du patch pèserait quelques 400 millions d’euros. Le tout consistant surtout à convaincre le consommateur de leurs pouvoirs de guérison qui, la plupart du temps, n’existent que dans notre imaginaire.
Des pharmaciens en colère
Plusieurs pharmaciens – avec un minimum de conscience professionnelle – ont naturellement réagit à l’arrivée de ce produit sur leur marché. Il existe déjà des produits « sans effet réel » en pharmacie, mais c’est peut-être la première fois qu’une énorme société comme Sanofi s’infiltre dans ce marché douteux, brouillant toujours un peu plus les cartes, et créant toujours plus de méfiance chez le consommateur.
Un pharmacien anonyme explique : « En tant que professionnel de santé, je trouve ça scandaleux de vendre en pharmacie ce genre de produit sans réel fondement scientifique. Notre conseil à un poids non-négligeable sur la santé des gens, et je ne veux pas me faire charlatan au nom du pognon des grands groupes pharmaceutiques censés respecter une certaine déontologie et pratiquer une rigueur scientifique exemplaire » …
Un autre témoigne : « Je sais bien qu’en pharmacie on trouve tout un tas de conneries (homéopathie, fleurs de Bach,…) mais généralement elles ne viennent pas des mêmes entreprises que celles des médicaments. J’aimerais qu’on garde des limites claires !« .
Afin de valider ces doutes quant à l’efficacité du patch Sanofi, G Milgram a également contacté plusieurs scientifiques. Ceux-ci craignent le plus souvent de répondre avec leur identité affichée, de peur de conséquences professionnelles futures. Ainsi, leur identité reste protégée par le secret des sources.
« C’est simple, je doute fortement que de simples infrarouges aient des vertus thérapeutiques. Et si tel est le cas, je doute encore plus que notre rayement naturel puisse avoir le même effet qu’un principe actif anti-inflammatoire. (…) Comment prouver l’efficacité d’un tel patch sur 5 jours d’utilisation pour soulager une douleur aiguë. La définition même d’une douleur aiguë est d’être présente sur une courte durée. La douleur peut parfaitement disparaître d’elle même. » explique une pharmacienne d’officine qui ne recommande pas le patch.
« Le représentant de Sanofi est venu nous « former » sur le patch. Je lui explique les principes physiques qui contredisent ce qu’il avance. Il m’explique que ça marche bien car les ostéopathes l’utilisent depuis longtemps. Quand je lui explique que les ostéopathes sont des escrocs ésotériques, il me répond que je ne suis qu’un petit pharmacien et que je ne crois qu’aux principes actifs » (…) témoigne un autre spécialiste.
« C’est de la merde. Des termes marketing aussi débiles que ma tante avec son kevlar à la piscine. »
« La technique marketing est typique des gros laboratoires. On joue sur les ambiguïtés du vocabulaire. Dans les douleurs musculaires, la chaleur aide à soulager. Le laboratoire parle d’infrarouge pour ne pas dire « chaleur » et paraître plus scientifique. Oui, je comprends le fonctionnement du patch mais comme pour la crème Guerlain, on prend des procédés biologiques et physiques, on les sort du contexte et on les passe dans la boite magique de la communication pour présenter ça comme une avancée majeure. » explique un autre scientifique, expert en Neuroscience et Biologie moléculaire.
Un dernier chercheur ne mâche pas ses mots : « C’est de la merde. Des termes marketing aussi débiles que ma tante avec son kevlar à la piscine. Le truc est une arnaque, point barre. Un dispositif médical avant d’être développé et d’être sur le marché naît grâce aux gens du marketing – je les adore ! Ce sont eux qui t’expliquent concrètement qu’un marché existe, qu’on est déjà en retard, et que pour obtenir leur bonus, il faut trouver quelque chose et très vite.«
Bref, on l’aura compris, les scientifiques rigolent jaune à la vue de ce nouveau produit qui promet pourtant de faire le buzz pendant ces Jeux Olympiques tout aussi commerciaux. Mais n’est-ce finalement pas ce que sont devenus les J.O. dans le cadre sociétal actuel ? Une vaste publicité à ciel ouvert qui permet par ailleurs de forcer d’importantes dépenses collectives à l’heure de l’austérité ? Ou comment faire tourner une machine économique à bout de souffle tout en se plaignant des limites de notre civilisation ultra-consommatrice et polluante. Bref, vivement un patch pour soigner le capitalisme de sa folie.
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